Souvenir du mois d'Août

Le niveau du Dropt est au plus bas en ce matin d'août, la cascade s'est arrêté de bercer mes nuit de sont doux ronflement qui a au moins l'avantage de couvrir le mien. Le poisson est calé au fond par manque d'oxygène et impossible de le faire bouger, même les moustachus font la gueule. Mon pote de Nantes passe un coup de sondeur qui confirme les craintes, pas un poisson en activité et la température de l'eau est à 29°, mais encore plus grave sur le parcours il découvre trois belles anguilles mortes d'asphyxie.

J'ai un avantage c'est que comme je suis en phase d'apprentissage casting, poissons où pas je promène les poissons nageurs et autres têtes plombées, au moins ça occupe. Je fouille méthodiquement tous les postes que je connais, les souches, les racines, brefs les moindres recoins et comme d'habitudes je laisse mon tribu à la rivière qui fera à n'en pas douter, le plaisir de la confrérie des Cricris.

Vu les conditions peu de pêcheurs ont arpentés les berges et la végétation a repris ses droits, ce qui occasionne quelques perruques mémorables, les triples de mes leurres étant irrémédiablement attirés par le moindre brin d'herbe où par une perfide ronce à l'affût. Par chance dans la majeure partie des cas la technique du pouce avec le frein serré à fond fonctionne à merveille, merci Ryusuke.
Vu que ce forum peut être lu par de chastes oreilles je ne parlerais pas de celle qui se font juste au départ, le leurre stoppé net par une branche basse où autre obstacle de m..de et ou l'on se retrouve avec le nylon complètement débobiné sauf qu'il est toujours sur la bobine et qu'a la moindre manœuvre c'est la catastrophe et qu'évidement c'est là que ces c...asses de perches décident de chasser, sachant qu'on va en avoir pour des plombes à démêler ce foutoir... si encore on y arrive... bref restons ZEN.
Ayant tout essayé je me vois pourtant contraint de couper et de raccorder le nylon, et franchement c'est pas ce qu'il y a de plus gênant et au moins ça me permettra de finir ma sortie qui était bien compromise. C'était oublier que le contrôle de la ligne s'effectue avec le pouce... et c'est la que l'on se rends compte qu'en casting le fil il sort très vite surtout à chaque passage du nœud sous le pouce. Je m'acharne mais au bout d'une centaines de lancers ça commence vraiment à faire mal et la pêche ça doit quand même rester un plaisir. Je raccourcis donc le nylon et c'est là que le casting est fantastique la bobine est à moitié vide et je peux continuer à pêcher tout en priant de ne pas tomber sur un silure. Un serpent d'eau vient se foutre de mois pendant que sur la berge d'en face un chevreuil lui compatit à mon désœuvrement et m'offre un moment magique en quittant ma compagnie de quelques bonds gracieux.( je rappelle que je suis citadin et que les animaux les plus sauvages que je côtoie sont les chats et les gabians ).

Sur le retours je peigne une dernière fois les maigres champs de nénuphars et lance au plus près de ceux qui sont en dérive lente vu le débit quasi inexistant, ça a au moins l'avantage d'augmenter ma précision. Je vois l'entrée du camping matérialisé par un préau qui en temps normal est le repère de bancs de perchettes, par habitude j'envoie mon cranck les pieds au raz de la berge bétonnée tel le nageur prêt à plonger. Au bout de trois où quatre lancers c'est le leurre une fois dans mes pieds qu'un black d'une cinquantaine de centimètre vient parfaire la bredouille en passant si près de mes orteils que sa dorsales aurait pu en couper les ongles.

Alors certes je n'ai pas pris de poissons, mais de la colère à l'émerveillement que de sensations pour une simple sortie au bord de l'eau.

Merci monsieur le poète, l'espace de ces quelques lignes je m'y serais cru !!! Comme quoi, c'est beau la pêche, avec ou sans poisson ... Et en plus, c'est le royaume du paradoxe ... par exemple, plus il fait de perruques, plus ton moulinet est "chauve"