Coup de blues

Ce matin le réveil n'est pas au top, il règne dans l'air comme de la mélancolie, d'un coup de béquilles je me rends au salon et au passage je jette un coup d'œil à la température extérieure.
Sept degrés, il est huit heure trente, je sais on peut pas appeler ça matinal mais vu que j'ai pas grand chose à faire de mes journées le temps passé au lit c'est du temps de moins à tourner en rond.

Je me laisse tomber sur le canapé, mon meilleur ami ses trois derniers mois et va savoir pourquoi j'ai la mauvaise idée de regarder la météo marine. Port-de-Bouc l'eau est à 14°, c'est la température idéale pour le loup en surface.

Jamais un jour je n'aurais imaginé pouvoir regretter la sensation du carbone gelé sur mes doigts engourdis, le froid pénétrant d'un Mistral qui vous glace les os. Et pourtant ça me manque ces sorties de pêches hivernales le long du canal d'Arles à Bouc, le vent qui frise la surface de l'eau et où tenir une canne devient vraiment du sport. On lance dans le sens du vent quelle que soit la technique employée, c'est qu'on ne badine pas avec le dieu Éole, la moindre erreur sera sanctionnée.

L'instant magique tant attendu arrive une sorte de vague d'étrave se forme à l'arrière du leurre, puis une ombre apparaît masquée par le flot tumultueux. Tel le Nautilus il perce la pellicule pour s'abattre sur sa proie, tétanisé par le spectacle on sent la canne peser, le ferrage s'effectue sans réfléchir comme un automatisme. La réalité reprends ses marques , le frein chante, le poisson sonde, prends du fil, pas paniquer le laisser se fatiguer. D'un coup la ligne fait une transversale, il va chercher les moules ! Il faut le brider à tout prix sinon le combat s'arrêtera là, un clic sur le frein puis un deuxième, la canne s’arque-boute et enfin l'œil noir apparaît, ses congénères viennent lui rendre un dernier hommage. Mais la bataille est loin d'être gagnée, d'un coup de tête il reprends du fil et fait une dernière sonde et c'est la que je vois que le triple l'a pris sous la gueule, un dernier soubresaut et il se décroche...... Je le regarde partir et sensation étrange, je n'ai aucun regret, aucune rage, chose dont je suis coutumier je dois l'avouer, je me dis que j'ai sauvé mon leurre et que cela explique la chose mais c'est plus profond, un sentiment de plénitude, lui récupère sa liberté et moi j'ai eu mon lot de sensations tout est bien pour le meilleur des mondes. Je plie la canne comme pour ne pas vouloir effacer le souvenir trop vite, je reprends le chemin du retour le cœur léger et plein de satisfaction, ce loup m'a offert un de ces moments rare qui restent gravés à jamais dans notre mémoire.

J'en veux pour preuve que le simple fait de me remémorer ce jour pendant ces quelques lignes à suffit à me redonner la pêche, plus qu'un mois et j'irai retrouver mes camarades de jeu et qui je dois l'avouer sont quelquefois conviés à ma table, mais pas en tant qu’hôte.

Que c'est beau Pietro   
Ça m'a rappelé ma rupture du tendon d'Achille et mes 2 mois d'immobilisation dans le canapé...
Du coup j'avais trouvé un ersatz de pêche avec un jeu de ce style:
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Tous les jours je prenais du poisson!!!   
Par contre, le retour à la réalité a été plus dur...  

Va falloir que j'essaye

Je te le conseille Pierre, Lucas a eu les mêmes jeux pour son anniversaire et je crois qu'il ne faudra pas trop que je tarde à acheter un nitro.....